ainsi
que dans l'arrêt brutal par action de la pédale des étouffoirs.
L'ampleur, la puissance acoustique sont présentes jusque dans le
grave qui ne parait pas auréolé ou ouaté. Le dosage de
l'amortissement interne de la Gange est vraiment bien trouvé, car
on ne ressent jamais de dédoublement des fréquences, même sur les
attaques de pieds de batterie ou les slraps à la guitare basse. Au
contraire, c'est net, franc, sans bavure avec toujours cette
prodigieuse articulation qui fait que l'on suit le rythme sans
difficulté
Sur
des prises de son d'orchestre symphonique telles que celles de la série
de la collection DGG Gold de Karajan, la section des contrebasses
qui apparaît parfois ténébreuse comme passant derrière un rideau
de velours, est ici transfigurée sur les Gange avec ce côté râpeux,
ce suivi nerveux avec des attaques sèches d'archet. Cet éclaircissement
de la section basse profite à la lisibilité du haut-grave bas-médium
où les altos, violons, instruments à vents, bassons et clarinettes
ressortent nettement mieux dans leur vérité de timbres, La scène
sonore est magnifique avec des arrière-plans qui ne sont pas
confus, mais bien délimités dans une perspective plausible, non à
géométrie variable, selon l'intensité instantanée du message.
Sur les petites formations de jazz, nous avons apprécié l'entrain
des sections rythmiques batterie plus contrebasse qui procurent un
swing naturel aux mélodies. Les Gange ne paraissent jamais à la tâche,
elles transcrivent le message avec une élégance naturelle évitant
tout caractère coincé ou certaines formes de sonorités étranglées
dès que plusieurs informations transitoires Violentes arrivent en même
temps.
Dans
l'aigu, les concepteurs ont su tirer le meilleur parti du tweeter
capable d'une grande capacité dynamique tout en polissant ces
petites pointes d'excès éventuels en ne perdant rien de son très
haut pouvoir d'analyse. II ne joue jamais dans son coin, mais s'intègre
de ce fait parfaitement avec l'envolée du médium. Il n'y a pas de
rupture en marches d'escalier dans la structure tonale. Cela se
ressent sur les voix féminines qui ne sont jamais déstructurées
sur les forte, sans accentuation prononcée des sifflantes tout en
conservant toute l'intelligibilité sur le phrasé et l'envolée
naturelle des timbres. L'espace du lieu d'enregistrement est
parfaitement perçu grâce au bon dosage entre sons directs et sons
réfléchis toujours avec une ponctualité extrême des sources. De
l'air circule en permanence autour des interprètes qui, môme quand
tout se complique sur les fortes, ne se précipitent pas par une
porte étroite.
Les
Gange sont des enceintes vivantes qui laissent la morosité de
restitution aux enceintes étouffoirs incapables de restituer
correctement les écarts dynamiques.
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Elles
apportent un plaisir d'écoute toujours renouvelé, car elles vous
captivent pour suivre le rythme de la musique sans aucun effort
d'intellectualisation. A ce prix, aucune enceinte n'est aussi rapide
dans l'établissement du grave sans aucune tonique désagréable.
Elles donnent envie de frapper dans ses mains, de taper du pied pour
accompagner la musique, on n'est plus un auditeur passif, mais on
s'implique dans l'interprétation, car le "courant passe"
entre l'interprète et vous.
Belle
réussite que ce système qui prouve une excellente mise au point à
partir de composants fiables avec un filtre bien pensé dans une géométrie
d'enceintes qui limite les classiques problèmes de colorations
internes que l'on ne manque jamais de percevoir au travers de la
membrane des haut-parleurs.
Patrick
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